Les écoles de Monségur


«  Lorsque j’étais toute petite, vers 1923-1924, je ne mangeais pas à la cantine, mais dans un restaurant, Chez Gillard ».

*J’allais à l’école de Monségur, à pied, toute seule depuis Le Treuillé. Mes parents travaillaient la terre, ils n’avaient pas le temps de m’accompagner. Lorsque j’étais toute petite, vers 1923-1924 je ne mangeais pas à la cantine, mais dans un restaurant, Chez Gillard. Il se trouvait après Ducos, le peintre. Mes parents le payaient tous les mois. Puis plus grande, j’ai mangé à la cantine.
Il y avait trois classes dans l’école. Comme institutrice, j’ai eu Mademoiselle Dussaut et Madame Elsière, qui habitait en bas, là où se trouve maintenant le fils de l’huissier Roudeau. Son mari gardait des vaches et vendait le lait. Il était laitier. La troisième institutrice s’appelait Madame Cousseau. Elles n’étaient pas sévères et il n’y avait pas trop de punitions. Je suis restée à l’école jusqu’à treize ans. J’aurais dû passer le Certificat d’études à douze ans, mais comme je n’étais pas assez savante, on me l’a fait passer l’année d’après, à treize ans, et j’ai été reçue.
Vue actuelle des bâtiments de l’ancienne école maternelle et de l’ancienne école des filles de Monségur. La maternelle était située sur la droite, l’école des filles sur la gauche. L’entrée de tous les élèves se faisait par le portail de droite (côté maternelle).

 « Je me souviens qu’une fois, la maîtresse m’avait mis un écriteau dans le dos : Très dissipée. »

* À Monségur, il y avait la maternelle, l’école des filles et l’école des garçons. Il y avait aussi une école libre. La maternelle et l’école publiques des filles étaient situées place des Tilleuls. L’école des garçons se trouvait à l’emplacement de l’ancienne Poste, en face du cimetière. J’ai commencé l’école à l’âge de quatre ans, en 1926. Il y avait trois ou quatre institutrices. Je me souviens de Madame Cousseau, la maîtresse de la maternelle, de Madame Morin, de Mademoiselle Dussaut, de Madame Bacot et des directrices, Madame Elsière puis Madame Litou, qui étaient également institutrices. J’ai obtenu mon Certificat d’études, mais je n’ai pas continué, car l’école ne m’intéressait pas du tout.
Il y avait deux cours de récréation, celle de la maternelle, par où l’on rentrait dans l’école, et celle des grands. En bas, c’était les classes et à l’étage, il y avait un appartement de fonction. Sur le côté, à droite de la cour des grands, c’était le préau avec les waters.
Je n’étais pas très bonne élève. J’allais à l‘école pour apprendre, et surtout, pour m’amuser. Pendant la récréation, c’était la rigolade. On jouait à cache-cache ; on se cachait souvent dans les waters. Nous jouions aussi aux billes, à la corde à sauter, à la marelle et aux épingles : c’était des épingles avec des petits bouts de couleur. Avec les épingles, on faisait des ronds, des carrés, on en tirait une ou deux et on les cachait.
Dans la classe, il y avait des rangées de bureaux en bois à deux places, et au fond, le bureau de l’institutrice sur une estrade. Nous avions deux tableaux noirs dans la classe, un de chaque côté de l’estrade. Aux murs, il y avait la carte de France et des cartes qui changeaient en fonction des leçons : les canaux de France, les rivières de France … Il y avait des encriers sur chaque bureau, dans un trou. Nous écrivions avec une plume Sergent major. Il fallait faire attention à ne pas en mettre partout. C’était compliqué parfois, mais nous avions des buvards. On écrivait sur des cahiers avec des lignes ou des carreaux. Nous avions aussi une ardoise, des craies, un crayon à papier et une gomme. J’avais une trousse et un cartable en cuir. Ça n’était pas comme maintenant, on n’avait pas beaucoup de livres et de cahiers dans le cartable.
On apprenait l’écriture, le calcul, les conjugaisons, la grammaire ... Nous faisions beaucoup de lectures. Le matin, quand on arrivait dans la classe, nous commencions par chanter, debout. Je me souviens de chansons sur les vendanges. Puis on s’asseyait pour commencer le travail de la journée. C’est la maîtresse qui nous demandait de nous asseoir. Lorsque quelqu’un entrait dans la classe, il fallait toujours se lever. On commençait toujours la journée par la lecture. Chacun avait sa ou ses pages de lecture. « Continue », disait la maîtresse en passant au suivant ; tout le monde lisait à tour de rôle.
Moi, j’étais devant parce que je n’étais pas sage. J’étais très bavarde. Je me souviens qu’une fois, la maîtresse m’avait mis un écriteau dans le dos : « Très dissipée ». ça faisait comme des ailes et je criais pendant la récréation : « Je suis un papillon ». Toutes les copines riaient. Mes bonnes copines, c’étaient Madame Dumazeau et la fille de Monsieur Jean. Nous n’allions jamais au coin. Pour nous punir, on nous mettait un écriteau dans le dos, on nous privait de récréation ou bien on nous demandait de rester après la classe. Ça m’est arrivé plusieurs fois de passer par la fenêtre pour aller jouer alors que j’étais punie. Le lendemain, la directrice, Madame Litou, allait voir ma mère et lui disait : « Vous savez, votre fille est encore partie de l’école après la classe ». Madame Litou s’est longtemps souvenue de moi, on en parlait encore bien des années plus tard. Mes parents ne me punissaient pas, mais ils me demandaient d’être raisonnable.
Nous portions toutes un tablier noir. C’était obligatoire. On avait les cheveux courts à mon époque, avec une petite frange. Il y avait seulement une ou deux filles qui avaient des tresses dans la classe. Les poux, on les traitait à la Marie-Rose.
La cour de l'ancienne école maternelle de Monségur.
Élèves de l’école maternelle et de l’école des filles de Monségur vers 1931-1932. Debout au dernier rang en haut, deuxième à partir de la gauche : Madame Elzière, la directrice. Debout, au quatrième rang, troisième à partir de la droite avec un noeud dans les cheveux : Jeannine Goulié (future épouse Hénaud). Debout, au cinquième rang, cinquième enfant à partir de la gauche : Paulette Cazeau (future épouse Dumazeau), l’une des meilleures amies de Jeannine Goulié.

Une classe de l'école des filles de Monségur vers 1937-1938. Au premier rang, assises de gauche à droite, Mesdemoiselles : 1 Mainvielle 2 ? 3 ? 4 Lalonnier 5 Broudiscou, future épouse Delcros 6 Cesa 7 [Belchids] 8 Mainvielle. Au deuxième rang, de gauche à droite : 1 Poujon 2 Moches 3 Usureau 4 Delcros, future épouse Roudeau 5 Frasson 6 Bonnifait. Debout au dernier rang de gauche à droite : 1 Mainvielle 2 ? 3 ? 4 Rupars 5 Conilh


« Je garde un excellent souvenir du professeur Daney. »

* Je suis allée à l’école des filles de Monségur aux Tilleuls jusqu’à quatorze ans. J’ai été reçue au Certificat d’études. Ça a été une surprise. Mon institutrice s’appelait Mademoiselle Dussaut. L’école des garçons était située vers le cimetière. Il y avait une cantine près de mon école, dans une pièce, pour les filles qui venaient à pied de la campagne. Moi, je mangeais à la maison. J’aimais bien les filles de la campagne, car leurs grands-parents racontaient des histoires anciennes.
Après mon Certificat d’études, que j’ai eu au début de la guerre, je suis allée au Cours complémentaire à la Perception de Monségur : je garde un excellent souvenir du professeur Daney. C’était un très bon professeur. Un jour, il m’a donné une gifle parce que je m’endormais, je m’en souviens encore. Le cours complémentaire était mixte, il y avait des filles et des garçons.
La cour de l'ancienne école maternelle de Monségur.

« J’ai arrêté l’école à dix ans pour m’occuper de mes frères et sœurs. »

* J’allais à l’école de Monségur, car il n’y avait pas d’école au Puy dans les années trente. J’y allais à pied, en sabots. Ça faisait trois kilomètres. Nous étions deux ou trois à faire la route. J’emmenais avec moi le petit de notre propriétaire, Monsieur Régaud.
On mangeait à la cantine. C’est nous qui portions le repas et on se le faisait réchauffer. À Monségur, il y avait trois classes. Notre maîtresse s’appelait Madame Bacot. Il y avait aussi Madame Morin et la directrice dont je me souviens plus du nom. J’aurais été très bonne élève, mais je n’y allais pas régulièrement car je devais faire les vendanges et le foin. J’ai arrêté l’école à dix ans pour m’occuper de mes frères et sœurs. Mes sœurs y sont allées beaucoup plus que moi.
Vue actuelle des bâtiments de l’ancienne école maternelle et de l’ancienne école des filles de Monségur,
aujourd’hui occupés par l’association "Passerelle". 

« Après mon Certificat d’études, je suis allé au Cours complémentaire, là où il y avait la Perception autrefois … »

* Tous les jours, je faisais Bordepaille-Monségur pour aller à l’école des garçons en face du cimetière, à pied, puis plus tard, en vélo. Je passais par le Christ ou par le Miquelet ; ça montait. Comme instituteurs, j’ai eu Monsieur et Madame Daney, puis Madame Micholin, lorsque l’école a eu des filles et des garçons.
Je suis allé à l’école des garçons de 1931 à 1939, jusqu’au Certificat d’études. J’étais, je crois, ce qu’on appelle un bon écolier. On avait des bureaux en bois avec des encriers en porcelaine. On était assis sur des bancs qui étaient accrochés aux bureaux. Après mon Certificat d’études, je suis allé au Cours complémentaire, là où il y avait la Perception autrefois, pour préparer mon Certificat complémentaire, que j’ai eu. On devait être une vingtaine. À ce moment-là, j’y allais en vélo, un vélo qu’on m’avait offert pour mon Certificat d’études. Il était d’occasion. Pour revenir à la maison, il fallait de bons freins. Un jour, j’ai été trop vite pour prendre le virage et je me suis retrouvé derrière le Christ. J’avais fait une belle chute. Ensuite, je suis allé à l’école pratique d’Agen. J’y ai appris la menuiserie pendant trois ans. Il fallait bien faire quelque chose. Je prenais le train à la gare de Monségur pour y aller.

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